mardi 17 février 2009

Extrait du jour #3 | Guerra Junqueiro | Patrie



C'était à la fin du 19è siècle, Guerra Junqueiro (1850-1923), haut-fonctionnaire, député, journaliste et poète le plus populaire de son temps, fut un des grands pourfendeurs de la monarchie et milita pour l'implantation de la République.

En 1896, il dressait, déjà..., un tableau peu glorieux de la société portugaise :

"Un peuple abruti et résigné, humble et morose, fataliste et somnambule, bête de charge, supportant coups de bâton, sacs de honte, brassées de misères, sans aucune rébellion ou grognement, ni même l'énergie d'une ruade, car déjà incapable de secouer les mouches avec les oreilles.

Un peuple en catalepsie ambulante, ne se rappelant ni d'où il vient, ni où il est, ni vers où il va ; un peuple, enfin, que j'adore, parce qu'il souffre et est bon, et garde encore dans la nuit de son inconscience comme une étincelle mystérieuse de l'âme nationale, reflet d'un astre au silence sombre de lac mort.

Une bourgeoisie, civiquement et politiquement corrompue jusqu'à la moelle, ne sachant plus différencier le bien du mal, sans mots, sans honte, sans caractère (...).

Deux partis sans idées, sans plans, sans convictions, incapables, vivant tous deux du même utilitarisme sceptique et perverti, analogues dans leur discours, identiques dans leurs actes, égaux l'un et l'autre comme deux moitiés du même zéro (...).
"

Guerra Junqueiro, "Pátria", 1896.

Traduit librement par Jorge

2 commentaires:

  1. Que dirions-nous d'un même portrait des Français aujourd'hui ? Qu'il serait peut-être pertinent...

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  2. je ne l'ai pas dit mais un peu pensé quand même...

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