jeudi 26 mai 2011

Citation du jour # 12 | Moi, raciste ?



Claude Guéant, dimanche 22 Mai 2011, au Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien :

"Contrairement à ce qu'on dit, l'intégration ne va pas si bien que ça : le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés"

Où le fait d'être Sinistre de l'intérieur n'empêche pas d'être à la fois menteur et haineux...

mercredi 25 mai 2011

Génération "moi je n'en peux plus !"

C'était le 12 mars dernier :



...l'une des plus grandes manifestations de ces dernières années organisée par la "geração à rasca" [génération fauchée]...



...qui a rassemblé près de 500 000 manifestants dans tout le Portugal...





...avec une chanson en bandoulière : Parva que sou [Quelle conne je suis], du groupe Deolinda :



Je suis de la génération sans rémunération
Et elle ne me dérange pas, cette condition
Quelle conne je suis !

Parce que ça va mal et ça va continuer
C'est déjà une chance de trouver un stage
Quelle conne je suis !

Et je me mets à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier

Je suis de la génération “chez papa-maman”
Si j’ai déjà tout, pourquoi vouloir plus ?
Quelle conne je suis !

Enfants, mari, je repousse sans cesse
Et j’ai encore la voiture à payer
Quelle conne je suis !

Et je me mets à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier

Je suis de la génération “pourquoi me plaindre”
Il y a bien pire que moi à la télé
Quelle conne je suis !

Je suis de la génération “moi je n’en peux plus !”
Cette situation dure depuis trop longtemps,
Et conne, je ne le suis pas !

Et je me met à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier...

Quel monde si con,
Où pour être esclave, il faut étudier...

Témoignage :

"Les 12 et 13 mars, Bruno et moi on était à Lisbonne pour la manifestation contre la précarité de la « Geracao rasca », qui s’est avérée être, de façon totalement imprévue et improvisée, la plus grosse manif qu’ait connu le Portugal depuis la révolution des œillets de 1974. C’était incroyable, saisissant, ahurissant, motivant, bref un truc de malade. D’autant plus qu’on était vraiment au cœur de l’aventure, étant donné qu’on était logé chez les jeunes précaires qui ont déclenché la mobilisation. Il y en aurait des pages à écrire, je voulais au départ vous faire un compte-rendu rapide, mais il y a pas mal de choses à dire donc je n’ai qu’à moitié réussi…

Donc au départ, 4 jeunes diplômés précaires sont à l’origine de ce mouvement. Il y a un mois, en pleine galère de recherche de boulot, dégoutés de n’avoir que le choix entre chômage et sous-contrat de travail, ils rédigent le « manifeste de la Geracao a Rasca » et lancent un appel sur Facebook pour une manifestation le 12 mars.

« Geracao a rasca », c’est le terme qu’on trouvé Paula et ses potes pour parler de la génération précaire. Il y a plusieurs façons de traduire : génération à l’arrache, aux abois, dans la mouise, fauchée, etc. Une façon de désigner tous ces jeunes et moins jeunes, diplômés ou non, pour qui le contrat de travail de base avec la sécurité sociale qui lui est associée est devenu quelque chose de complètement inaccessible. La majorité des jeunes portugais gagnent en moyenne 500 euros et sont payés via des « reçus verts ». A l’origine créés pour permettre un complément de revenu et pour payer les travailleurs indépendants, les reçus verts sont un moyen de paiement du travail à la tâche qui ne donnent pas droit à la protection sociale (chômage, retraite, maladie, etc.). Et aujourd’hui, les entreprises et les services publics embauchent la plupart des gens avec des reçus verts plutôt qu’avec un contrat de travail salarié. Du coup, c’est toute une génération qui se retrouve précarisée, sans protection sociale. Et ce phénomène concerne de plus en plus souvent leurs parents et leurs grands-parents. Les entreprises qui embauchaient en cdd ou en interim préfèrent désormais avoir recours aux reçus verts (ça coûte moins cher), et les retraités ont recours aux boulots en « reçus verts » pour compléter leurs revenus. Ainsi, j’y reviendrai, il est clair que le mouvement de la génération précaire portugaise va bien au-delà du combat d’une classe d’âge et qu’il y a une forte solidarité intergénérationnelle dans cette lutte : comme ici en France, on précarise d’abord les jeunes pour tirer vers le bas l’ensemble de la population."

Lire la suite sur le site de "Génération Précaire"

Voir également un article du Courrier international

lundi 23 mai 2011

1er Manifeste de la Place du Rossio



Texte original : ICI

1er Manifeste de la Place du Rossio

(Lisbonne, 22 mai 2011)

Les manifestants, réunis sur la Place du Rossio, conscients que ceci est une action en mouvement et de résistance, déclarent :

Nous,
citoyens et citoyennes, femmes et hommes, travailleurs, travailleuses, immigrés, étudiants, personnes sans emploi, à la retraite, unis par l'indignation face à la situation politique et sociale suffocante que nous nous refusons à accepter comme inévitable, nous occupons nos rues.

Nous rejoignons ainsi ceux qui, de par le monde, luttent aujourd'hui pour leurs droits face à l'oppression constante du système économique et financier en vigueur.

De Reykjavik au Caire, du Wisconsin à Madrid, une vague populaire balaie le monde. Sur elle, pèsent le silence et la désinformation de la communication sociale, communication sociale qui ne questionne pas les injustices permanentes dans tous les pays, mais proclame seulement le caractère inévitable de l'austérité, de la fin des droits, de l'enterrement de la démocratie.

La démocratie réelle n'existera pas tant que le monde sera géré par une dictature financière. Le sauvetage signé dans notre dos avec le FMI et l'UE a séquestré la démocratie ainsi que nos vies. Dans les pays où il intervient, le FMI entraîne de brutales chutes de l'espérance de vie.

Le FMI tue ! On ne peut que le rejeter. Nous refusons que l'on nous coupe les salaires, les pensions et les aides, alors que les coupables de cette crise sont ménagés et recapitalisés.

Pourquoi devons-nous choisir de vivre entre le chômage et la précarité ? Pourquoi veut-on nous enlever les services publics, nous volant ainsi, à travers les privatisations, ce que nous avons payé toute notre vie ?

Nous disons non.

Nous refusons le plan de la troïka (UE, BCE, FMI).

Suivant l'exemple de l'Islande, nous n'accepterons pas d'hypothéquer le présent et le futur à cause d'une dette qui n'est pas la nôtre. Nous refusons que l'on nous vole les horizons de notre futur.

Nous prétendons assumer le contrôle de nos vies et intervenir effectivement dans tous les processus de la vie politique, sociale et économique.

Nous le faisons aujourd'hui, dans les assemblées populaires réunies.

Nous appelons à ce que les gens se réunissent, dans les rues, les places, à chaque coin de rue, à l'ombre de chaque statue, pour que, unies et unis, nous puissions changer une bonne fois pour toutes les règles viciées de ce jeu.

Ceci n'est que le début. Les rues sont à nous.


C'est la danse finale !

Merci et bravo à nos voisins espagnols...

Lisbonne, ici et maintenant !

Pour fêter nos belles démocraties, les gens se rassemblent donc un peu partout...
A Lisbonne, la Praça do Rossio est occupée en ce moment même...

A suivre sur ICI et ICI.

Des photos ICI.


Démocratie en action...

En Espagne, le gouvernement interdit les manifestations, le 1er mai dernier, à Setubal, les policiers ont tiré en caoutchouc sur des manifestants.

Démocratie maintenant !

Le mouvement espagnol ¡ Democracia Real Ya ! est à l'origine des premières manifestations du 15 mai contre la gestion de la crise économique.



Voici leur manifeste :

Manifeste du collectif du 15 mai (Espagne)

Nous sommes des personnes normales et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher du travail, des personnes qui ont une famille et des amis. Nous travaillons dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à ceux qui nous entourent.

Certains d’entre nous se considèrent progressistes, d'autres plus conservateurs. Croyants ou non, avec des idéologies bien définies, ou apolitiques.
Cependant nous sommes tous préoccupés et indignés par le contexte politique, économique et social qui nous entoure, par la corruption des politiciens, des chefs d'entreprises, des banquiers… par le manque de défense du citoyen.
Cette situation nuisible au quotidien, peut être changée si nous nous unissons.

Il est temps de se mettre en marche, de construire ensemble une société meilleure. Pour cela nous soutenons fermement ce qui suit :


-Les priorités de toute société avancée doivent être l'égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, l’épanouissement, le bien-être du citoyen.

-Il existe des droits fondamentaux qui devraient être couverts dans ces sociétés tels que le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l'éducation, à la participation à la vie politique, au libre développement personnel ainsi que le droit à la consommation des biens nécessaires pour mener une vie saine et heureuse.


-L'actuel fonctionnement de notre système économique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et représente un obstacle pour le progrès de l'humanité.


- La démocratie part du peuple (dêmos=peuple ; kratos=le pouvoir) et dans cette optique le gouvernement doit naitre du peuple. Toutefois, dans ce pays, la majorité de la classe politique ne nous écoute pas. Alors que ses fonctions devraient être celles de porte- paroles de nos revendications auprès des institutions, en permettant la participation politique des citoyens au moyen de voies directes procurant ainsi un meilleur bénéfice pour l’ensemble de la société, nous assistons à un enrichissement et à leur prospérité à nos dépends.


-Le besoin irrépressible de pouvoir de certains d’entre eux provoque une inégalité, de la crispation et de l'injustice, ce qui conduit à la violence que nous rejetons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel bloque la machine sociale et la convertit en une spirale qui se consume en enrichissant quelques-uns et en plongeant dans la pauvreté et la pénurie les autres. Jusqu'à l'effondrement.


-La volonté et la finalité du système est l'accumulation d'argent, la plaçant au-dessus de l'efficacité et le bien-être de la société. En gaspillant des ressources, détruisant la planète, produisant du chômage et des consommateurs malheureux.
-les citoyens font partie de l’engrenage d'une machine destinée à enrichir une minorité qui ignore tout de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous, rien de ceci n’existerait parce que nous faisons bouger le monde.

-Si comme société nous apprenons à ne pas confier notre futur à une rentabilité économique abstraite qui n'est jamais favorable à la majorité, nous pourrons éliminer les abus et les manques que nous souffrons tous.


Une Révolution Morale est nécessaire. Nous avons mis l'argent au-dessus de l'Être Humain alors que nous devrions le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, non des produits de marché.

Je ne suis pas seulement ce que j'achète, pourquoi et à qui je l’achète.
Pour tout ce qui précède, je suis indigné. Je crois que je peux le changer. Je crois que je peux aider. Je sais qu'unis nous pouvons.

Sort avec nous. C'est ton droit.


Traduction tirée de Agora Vox

"Para dar-le un cambio a esta situacion !"

La rue est à nous