mercredi 25 mai 2011

Génération "moi je n'en peux plus !"

C'était le 12 mars dernier :



...l'une des plus grandes manifestations de ces dernières années organisée par la "geração à rasca" [génération fauchée]...



...qui a rassemblé près de 500 000 manifestants dans tout le Portugal...





...avec une chanson en bandoulière : Parva que sou [Quelle conne je suis], du groupe Deolinda :



Je suis de la génération sans rémunération
Et elle ne me dérange pas, cette condition
Quelle conne je suis !

Parce que ça va mal et ça va continuer
C'est déjà une chance de trouver un stage
Quelle conne je suis !

Et je me mets à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier

Je suis de la génération “chez papa-maman”
Si j’ai déjà tout, pourquoi vouloir plus ?
Quelle conne je suis !

Enfants, mari, je repousse sans cesse
Et j’ai encore la voiture à payer
Quelle conne je suis !

Et je me mets à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier

Je suis de la génération “pourquoi me plaindre”
Il y a bien pire que moi à la télé
Quelle conne je suis !

Je suis de la génération “moi je n’en peux plus !”
Cette situation dure depuis trop longtemps,
Et conne, je ne le suis pas !

Et je me met à penser
Quel monde si con
Où, pour être esclave, il faut étudier...

Quel monde si con,
Où pour être esclave, il faut étudier...

Témoignage :

"Les 12 et 13 mars, Bruno et moi on était à Lisbonne pour la manifestation contre la précarité de la « Geracao rasca », qui s’est avérée être, de façon totalement imprévue et improvisée, la plus grosse manif qu’ait connu le Portugal depuis la révolution des œillets de 1974. C’était incroyable, saisissant, ahurissant, motivant, bref un truc de malade. D’autant plus qu’on était vraiment au cœur de l’aventure, étant donné qu’on était logé chez les jeunes précaires qui ont déclenché la mobilisation. Il y en aurait des pages à écrire, je voulais au départ vous faire un compte-rendu rapide, mais il y a pas mal de choses à dire donc je n’ai qu’à moitié réussi…

Donc au départ, 4 jeunes diplômés précaires sont à l’origine de ce mouvement. Il y a un mois, en pleine galère de recherche de boulot, dégoutés de n’avoir que le choix entre chômage et sous-contrat de travail, ils rédigent le « manifeste de la Geracao a Rasca » et lancent un appel sur Facebook pour une manifestation le 12 mars.

« Geracao a rasca », c’est le terme qu’on trouvé Paula et ses potes pour parler de la génération précaire. Il y a plusieurs façons de traduire : génération à l’arrache, aux abois, dans la mouise, fauchée, etc. Une façon de désigner tous ces jeunes et moins jeunes, diplômés ou non, pour qui le contrat de travail de base avec la sécurité sociale qui lui est associée est devenu quelque chose de complètement inaccessible. La majorité des jeunes portugais gagnent en moyenne 500 euros et sont payés via des « reçus verts ». A l’origine créés pour permettre un complément de revenu et pour payer les travailleurs indépendants, les reçus verts sont un moyen de paiement du travail à la tâche qui ne donnent pas droit à la protection sociale (chômage, retraite, maladie, etc.). Et aujourd’hui, les entreprises et les services publics embauchent la plupart des gens avec des reçus verts plutôt qu’avec un contrat de travail salarié. Du coup, c’est toute une génération qui se retrouve précarisée, sans protection sociale. Et ce phénomène concerne de plus en plus souvent leurs parents et leurs grands-parents. Les entreprises qui embauchaient en cdd ou en interim préfèrent désormais avoir recours aux reçus verts (ça coûte moins cher), et les retraités ont recours aux boulots en « reçus verts » pour compléter leurs revenus. Ainsi, j’y reviendrai, il est clair que le mouvement de la génération précaire portugaise va bien au-delà du combat d’une classe d’âge et qu’il y a une forte solidarité intergénérationnelle dans cette lutte : comme ici en France, on précarise d’abord les jeunes pour tirer vers le bas l’ensemble de la population."

Lire la suite sur le site de "Génération Précaire"

Voir également un article du Courrier international

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