dimanche 25 juillet 2010

Précaires inflexibles

Le 20 juillet dernier, les Précaires inflexibles portugais ont lancé une campagne contre les mesures d'austérité du gouvernement "socialiste" (PS) soutenu par les sociaux-démocrates (PSD) :



Les précaires ont symboliquement disposé des figures tenues par un fil, un fil étiré au maximum sur lequel on ne peut plus tirer au risque de le rompre.

En mars, le Portugal avait mis en place un Pacte de stabilité et de croissance (PEC) destiné à détruire et privatiser les services publics, entre autres. En juillet, ça recommence, avec le PEC2, avec cette fois l'augmentation des impôts. Tout cela, comme ailleurs en Europe, étant justifié par un "on n'a pas le choix, c'est la crise".

Plus de difficultés et de précarité pour la majorité de la population, et une concentration des bénéfices pour une petite minorité.
Le Portugal et l'Europe qu'on nous prépare font rêver n'est-ce pas ?
Chacun sa gueule, et la majorité toujours plus dans la merde !

jeudi 22 juillet 2010

Pas de justice ? Pas de paix !



Pierre Tévanian écrivait le 25 juin au sujet du procès des "cinq de Villiers-le-Bel" :

"Il faut le répéter inlassablement : quel que soit le « profil » plus ou moins sympathique – et gageons qu’il le sera plutôt moins que plus – que les « experts » s’appliqueront à construire des accusés à l’occasion de ce procès, quelles que soient les présomptions sur leur éventuelle implication dans des faits répréhensibles, quelle que soit l’intime conviction des policiers – et des magistrats ou des jurés qui s’en veulent solidaires – sur une éventuelle intention de tuer, la règle de droit impose, en l’absence de preuves établissant leur implication d’une part et l’existence d’une intention de tuer d’autre part, la primauté d’une autre présomption : la présomption d’innocence.

C’est tout cela qui demeure singulièrement absent dans la manière dont le procès a été construit politiquement par le président Sarkozy, dans la manière dont la procureure en évoque l’instruction, dans la manière dont un journaliste du Monde préjuge de l’intention de tuer – et dans la quasi-absence de vigilance et de mobilisation associative et politique que tout cela suscite. Et si rien dans le déroulement du procès et la délibération du jury ne vient suffisamment enrayer cette sinistre dynamique, c’est bel et bien un lynchage qui aura eu lieu, simplement paré d’un decorum « rationnel » et « institutionnel » qui le rendrait encore plus abject."

Depuis :

"Le procès de Villiers-le-Bel a eu lieu du 21 juin au 4 juillet à la Cour d’Assises du Tribunal de Pontoise, sans que cette logique ne soit enrayée : Abderhamane Kamara et Adama Kamara ont été condamnés à 15 et 12 ans de prison, Ibrahima Sow à 9 ans. Mara Kanté et Samuel Lambalamba ont été condamnés à 3 ans pour détention d’arme."

Lire également sur ce sujet l'article d'Ornella Guyet sur Basta!, "Villiers-le-Bel : un procès stalinien contre les jeunes de banlieue", d'où est tirée la photo utilisée ci-dessus.

Où l'on ne peut s'empêcher de constater que la "justice", en France, devient un concept de plus en plus abstrait pour une part croissante de la population.

mercredi 21 juillet 2010

La classe moyenne portugaise coincée entre crise et austérité

Tiré de Yahoo - Economie - 28/04/2010 :

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Si elle était une chef d'entreprise comme les autres, Maria Isabel Jonet pourrait s'enorgueillir des courbes avantageuses de ses bilans annuels. Le volume des marchandises qui transitent dans ses entrepôts de la petite gare Alcantara, au centre de Lisbonne, où elle a son siège social, augmente d'année en année ; le nombre de ses 'clients' aussi. Une évolution chiffrée dont cette femme énergique ne peut se satisfaire, car elle est le signe que le Portugal va mal.

Maria Isabel Jonet dirige la Banque alimentaire de Lisbonne. Les quarante tonnes de nourriture manutentionnée et conditionnée chaque jour par ses treize employés et par ses nombreux bénévoles secourent plus de 62 000 personnes dans la région, à travers 294 associations bénéficiaires.

Mme Jonet préside aussi la fédération des dix-sept banques alimentaires du pays, qui couvrent tout le territoire. Non seulement les besoins d'aide sont en augmentation depuis dix ans en raison d'une crise économique chronique, mais, constate-t-elle, 'le visage de la pauvreté est en train de changer'.

Aux personnes âgées et aux chômeurs sans qualification s'ajoutent, selon elle, 'des travailleurs qualifiés qui avaient jusque-là un standing de vie compatible avec un rêve et une qualification. Etranglées par les crédits, ces familles doivent de surcroît admettre qu'elles ont failli'. Le taux de chômage supérieur à 10 % - un record depuis les années 1980 - ne dit pas tout des difficultés de la population soumise à un nouveau plan de rigueur, moins de deux ans après s'être serré la ceinture pour ramener le déficit public de 6,1 % en 2003 à 2,6 % en 2008.

Endettée et déprimée, la classe moyenne portugaise sera à nouveau la plus durement touchée par les mesures annoncées au mois de mars par le gouvernement socialiste de José Socrates pour assainir les finances publiques. C'est elle qui bénéficiait en majeure partie des allocations et des déductions fiscales que le plan de stabilité et de croissance (PEC), présenté en mars à Bruxelles, entend réduire ou supprimer. 'Pour s'en sortir, beaucoup de Portugais cumulent deux emplois, rappelle Mme Jonet. Quand ils en perdent un, ils ne sont pas comptabilisés parmi les chômeurs, mais leur situation devient intenable.'
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dimanche 18 juillet 2010

Spécial dédicace à José Saramago



En portugais, le numéro spécial du Jornal de letras consacré à José Saramago : ICI.

Ci-dessous, l'hommage du Figaro le 18 juin 2010 :

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L'écrivain portugais engagé vient de mourir à l'âge de 87 ans. Il avait reçu le prix Nobel de littérature en 1998.

José Saramago n'a cessé, tout au long de son œuvre, de revisiter à sa manière l'histoire du Portugal. Né en 1922, cet écrivain tardif (il avait plus de soixante ans quand il a connu ses premiers grands succès), appartient à la littérature née de la «révolution des Œillets», qui mit fin, en 1974, au régime salazariste. Relevé du sol, qu'il fait paraître en 1980, est issu de cette mystique du «beau rêve d'avril». Dans ce roman, l'écrivain conte la misère des paysans sans terre employés comme journaliers sur les grands domaines. Il ne faut pas oublier les origines de Saramago : fils de paysans pauvres, c'est un autodidacte, et son seul diplôme est celui de… serrurier, métier qu'il a exercé pendant trois années avant de travailler dans des ­bureaux puis de devenir journaliste. Il milita pendant des années dans la clandestinité au parti communiste. Il publia de loin et loin quelques livres, des romans, un recueil de poèmes. Rien de très important.

Il faut attendre les années 1980 pour qu'il accède à la notoriété avec Le Dieu manchot et, surtout, L'Année de la mort de Ricardo Reis. Dans ce roman, Saramago fait revivre la figure mythique de Fernando Pessoa. Les critiques louent son savoir-faire, son art de conter, sa fantaisie. Mais c'est par le scandale qu'il touche le grand public. En 1991 son iconoclaste Évangile selon Jésus-Christ lui vaut en effet d'être fustigé par L'Osservatore Romano, organe de presse officiel du Vatican, qui juge sa «vision substantiellement antireligieuse». Le romancier relit en effet les Évangiles à sa façon et affirme que Jésus a été l'amant de Marie Madeleine. Il présente en outre Jésus comme le jouet d'un Dieu qui, frustré de ne régner que sur le peuple hébreu, désire étendre son emprise sur le monde entier. La polémique devint une affaire d'État. Selon un ­ministre portugais, l'écrivain portait atteinte au «patrimoine religieux national». À la suite de ce scandale, Saramago quitta son pays. Il s'installa sur l'île de Lanzarote, dans l'archipel espagnol des Canaries.

S'il choqua les catholiques du Portugal et de l'Espagne, le ricanement voltairien du Portugais fut du goût des jurés du Nobel. José Saramago reçut en 1998 la prestigieuse récompense, l'Académie suédoise expliquant, dans ses ­attendus, que l'œuvre de l'écrivain «rendait tangible une réalité fuyante grâce à des paraboles par l'imagination, la compassion et l'ironie». Quand il apprit qu'il avait le Nobel, l'écrivain fit cette boutade : «C'est comme Miss Portugal, l'an prochain on l'aura oubliée…»

Depuis quelques années, ce grand lecteur de Montaigne, de Cervantes et de Kafka alimentait régulièrement un blog dans lequel il ne mâchait pas ses mots. Défenseur de la cause palestinienne, il avait à plusieurs reprises violemment dénoncé la politique israélienne dans les Territoires occupés. L'an dernier, Saramago n'hésitait pas à mettre en cause le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, le qualifiant de «délinquant». Saramago le blogueur prolongeait ainsi via Internet la mission qu'il pensait être celle de l'écrivain : tenir un discours sur l'état du monde.

La quasi-totalité de l'œuvre de José Samarago est disponible en français aux éditions du Seuil.

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