Rebelles ils nous trouveront"
Image tirée de Blogre
Au-delà du blocus, il faut rappeler que :
le refus de la communauté internationale de reconnaître le résultat des élections législatives de janvier 2006, qui ont vu la victoire des candidats du Hamas, a contribué à l’escalade israélienne ; ainsi que le refus d’entériner réellement l’accord de la Mecque entre le Fatah et le Hamas ;
l’Union européenne et la France en particulier, quelles que soient leurs prises de position, encouragent concrètement la politique israélienne, notamment en récompensant Israël par le rehaussement des relations entre Israël et l’Union européenne, malgré les violations répétées par Israël de tous ses engagements (diminution du nombre de check-points, démantèlement des colonies « illégales », etc.)
enfin, rappelons cette vérité d’évidence trop souvent occultée : la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est sont maintenant occupés depuis plus de quarante ans. C’est cette occupation qui est la source de toutes les violences au Proche-Orient." (Extrait tiré de "Gaza, choc et effroi")
Morue
Plats multiples brandis en bravade Vendue en boîte au kilo ou pas heureuse action Dans les rues à Lisbonne la mort se rue de Bonn à Tokyo et qu’elle y reste à jamais Accompagnée de son immense arête-faucheuse de glotte rimée, ou de grotte limée par l’aspérité de trois cent soixante-cinq quotidiennes morues Les mots cavalent sur l’étendue de la plage : Bacalhau barato, barata feira ! Les maux dévalent sur mes deux mains tendues au large avenir sans chlore ni folle passion Cabillaud passé sur le billard en filets chaloupés Grossis à la loupe je m’enfuis émincé par le sel au goût du tout à l’égout.
Poème de l'ami Pedro Martins publié sur Cri&Tics
Tina vient d'accoucher. Elle essaye de se suicider avec son bébé chez elle dans la "favela" de Cap-verdiens de Fontainhas, à Lisbonne. Le père rentre, part avec le bébé pour essayer de le vendre. Clotilde, voisine et amie de Tina, essaye d'aider cette dernière à (sur)vivre. ça ne marche pas vraiment : plusieurs fois elle tente de se suicider, encore, mais elle n'y arrive pas. Son corps résiste.
Et il y a l'infirmière, Eduarda, qui fume comme un pompier, qui aide le père, le bébé, la mère, et elle ?... Les corps des personnages de ce film résistent. Fantômes, morts-vivants, robots, androgynes, (presque) muets, translucides, marqués, tristes, à la marge, invisibles, ils parlent avec leur démarche, leurs postures, leurs regards. Deux sourires seulement, à la fin.
De nombreux "portraits" des personnages : caméra fixe, ils nous regardent.
Impossible d'échapper à leurs regards et donc au nôtre, impossible d'échapper à la gifle qui nous est destinée : "qu'est-ce qu'il veut dire le réalisateur ? elle, c'est un homme ou une femme ? putain c'est beau ! c'est sombre mais ça brille ! on dirait un documentaire, mais on sait pas grand chose finalement ! y'a pas d'histoire vraiment dans ce film, mais on est quand même attachés aux personnages ! ils sont pas comme moi ces gens, ils réagissent pas pareil ! qu'est-ce qu'ils cherchent finalement ? etc. etc."
etc.
Et tout ça c'est au Portugal que ça se passe.
Quelques mots de Pedro Costa, le réalisateur :
"Je n'arrête pas de penser à cette idée, qui me parait juste en ce qui concerne les films : soit c'est de la poésie soit c'est de la politique. Et moi je veux la politique car on ne peut qu'être politique. Et ce qui importe est de ne surtout pas être dans l'urgence. Il faut supprimer cette notion d'urgence collée au politique car c'est le contraire de l'amour. C'est là que ça commence. La politique, c'est l'amour. L'amour c'est un rapport aux choses qui doit forcément être différent et si je filme un arbre ou un mur simplement, si je l'aime, ce mur, je ferai en sorte de bien le filmer et de bien le cadrer. Où alors je suis dans la publicité des sentiments et je ne veux pas ça. Je ne vais pas souvent au cinéma à cause de cela. Je me dis que ce n'était pas comme ça avant au cinéma. Je dois être un peu réactionnaire, je ne me sens pas dans le présent, la société a changé, tout est différent. Quand j'étais jeune, je voulais faire des films et changer les choses car le cinéma est un art important. Et les films que j'ai vu me disaient cela. C'était très fort, en sortant de la salle de cinéma, je pouvais courir pendant quatre heures. Un film d'aujourd'hui ne me fait plus cet effet. Je me souviens très bien d'avoir vu Pierrot le fou et de vouloir le vivre avec les copains dans notre vie, le film continuait dans la rue."
Lire toute l'interview : Autour du cinéma de Pedro Costa