Que la ministre de la Santé portugaise, Ana Jorge, ne sache pas que la Tchécoslovaquie n'existe plus, et que la capitale de la Slovaquie n'est pas Prague mais Bratislava, c'est triste et symptomatique d'un certain état de ces "élites" qui nous gouvernent, au Portugal, en France ou encore aux Etats-Unis.
Le principal problème soulevé par l'entretien avec la ministre reste cependant le manque de médecins au Portugal : 15 sont arrivés de l'Uruguay, 40 vont venir de Cuba et d'autres encore du Chili. Heureusement que la "dictature" cubaine a investi dans l'éducation et a formé beaucoup de médecins, ces derniers peuvent ainsi venir aider les "démocraties" qui en ont de plus en plus rien à faire de la santé publique... Je me demande si on a des médecins cubains en France ?
Il y avait du monde aujourd'hui à Paris pour la manifestation interprofessionnelle contre les réformes que le gouvernement a faites et pour celles qu'il ne veut pas faire. J'ai attendu 2h place de la Bastille avant de démarrer, le début de la manif était déjà arrivée à Opéra. Les Français sont de plus en plus conscients que ce gouvernement les prend pour des cons.
Le PS portugais a voté contre un projet visant à supprimer l'interdiction pour les homosexuels et bisexuels de donner leur sang. Ayant la majorité au Parlement, les "socialistes" lusitaniens perpétuent ainsi des pratiques dignes de l'obscurantisme d'un autre âge. Pourquoi ? Je ne vois qu'une seule raison possible : homophobie. Le PS avait déjà rejeté la possibilité d'union civile pour les homosexuels, maintenant ils les traitent comme des "malades" dangereux pour les autres...
Un décret vient d'être approuvé au Portugal : dorénavant, jusqu'à 5 millions d'euros, il n'y aura plus d'appel d'offres pour les constructions d'écoles. De quoi dépenser beaucoup d'argent public et ainsi en faire gagner autant aux patrons citoyens...
Ici en France, loin du Portugal, je n'en avais jamais entendu parler. Il a fallu qu'il disparaisse pour que je le connaisse... João Aguardela est mort le 18 janvier à 39 ans.
Aujourd'hui 19 janvier, les profs portugais étaient en grève : plus de 90% (!) selon les syndicats, 41% selon le gouvernement.
Ils continuent à refuser fermement le nouveau système d'évaluation (le "simplex") voulu par le gouvernement ainsi que le statut de l'enseignant ("ECD").
"La propriété c'est le vol", a dit Proudhon, dont c'était le 200è anniversaire de la naissance le 15 janvier dernier :
"Proudhon revendique l’autogestion – l’affirmation de la liberté de l’homme par l’homme – comme méthode positive, qui associe un travaillisme pragmatique (réalisation de l’homme par l’homme grâce au travail social), un justicialisme idéo-réaliste (idéalisation de l’homme par l’homme par la réalisation d’une justice sociale) et un fédéralisme autogestionnaire (libération de l’homme par le pluralisme social). C’est sur ces trois principes que s’appuient ses théories." (Bnf)
Et Rosa Luxemburg est morte il y a 90 ans le 15 janvier également :
"Rosa-la Rouge aussi a disparu Le lieu où repose son corps est inconnu. Elle avait dit aux pauvres la vérité Et pour cela les riches l’ont exécutée." Bertolt Brecht(1919)
Cela fait beaucoup d'anniversaires de révolutionnaires pour ne pas évoquer leur mémoire, surtout que sort au cinéma le film de Soderbergh sur le Che. Pour la peine, voici un clip volé à Bandeira negra, qui lui-même l'avait volé à Arrastão. Pour une révolution en musique ?
"Cautela com os amores. Pensem duas vezes em casar com um muçulmano, pensem muito seriamente, é meter-se num monte de sarilhos que nem Alá sabe onde é que acabam."
"Attention à l'amour. Réfléchissez deux fois avant de vous marier à un musulman, réfléchissez très sérieusement, car c'est s'embarquer dans des confusions que même Allah ne sait pas comment elles finiront."
Et encore :
"Se eu sei que uma jovem europeia de formação cristã, a primeira vez que vai para o país deles é sujeita ao regime das mulheres muçulmanas, imagine-se lá"
"Et je sais qu'une jeune Européenne de formation chrétienne, la première fois qu'elle va dans leur pays est sujette au régime des femmes musulmanes, imaginez"
Heureusement que l'Eglise catholique portugaise, en ces temps d'intolérance et de bêtise généralisées, fait preuve, elle, d'intelligence et d'ouverture envers les personnes adeptes de religions concurrentes. Heureusement qu'elle ne se considère pas comme une boutique en concurrence avec les autres boutiques religieuses, où le but du jeu est d'avoir le plus de clients et de dénigrer les chapelles d'en face. Heureusement qu'elle ne fait pas d'amalgames et de généralisations hâtives en ce qui concerne les musulmans. Heureusement...
"São loucas", une chanson de La Rue Kétanou, qui parle de... Lisbonne, et de saudade aussi, pas très original, certes, mais jolie, très jolie chanson, par un groupe français qui plus est, alors, pour le plaisir, on s'l'écoute ?
"Elle pleure son marin Son marin n'est pas le sien Elle dit que les vagues sont folles Elle dit que les vagues sont folles Quand elle chante le fado Son chant est un oiseau Un oiseau qui s'envole Un oiseau qui s'envole" ...
Ils font de chouettes chansons, ils aiment Lisbonne et en plus ils chantent contre l'immigration jetable : "Y'a des cigales dans la fourmillère, et vous ne pouvez rien y faire..."
Selon le gouvernement portugais, Christiano Ronaldo, le joueur de foot qui vient d'être élu le meilleur joueur du monde, est un "exemple" à suivre.
L'orgueil de la nation est tout entier porté vers ce jeune et compétent millionnaire coureur de ballons.
Pourtant, que le gouvernement, en plus de le féliciter, le désigne comme "exemple" à suivre, cela sonne dangereusement comme un écho des 3F chers à Salazar : fado, football et Fatima. Trois opiums efficaces pour endormir les gens qui, lorsque leur attention est tout entière tournée vers ces F dignes de l'orgueil national, ne cherchent pas à comprendre et à critiquer la politique menée par leurs tristes gouvernants.
Cela me fait penser également à notre cher Sarko qui, en décembre 2007, donnait comme "exemple" à suivre le curé :
“Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance”
Vive le foot, les curés, et la chanson nationale ! Pendant ce temps-là, au Portugal et en France, on détruit le système public et laïque d'éducation, on appauvrit les gens et on file des millions d'euros aux banquiers, etc., etc., etc.
Rien qu'en novembre 2008, il y a eu 59 000 nouveaux inscrits, soit 25% de plus par rapport à novembre 2007. La situation dans la région de Beira Interior est la plus préoccupante, où le taux de chômage devrait dépasser les 10% en 2009. Où l'on comprend pourquoi les Portugais ont tendance à s'expatrier, à être "mobiles".
Le Portugal a le plus haut taux de l'Union européenne de travailleurs qui vivent à l'étranger : 9% des Portugais en âge de travailler le font dans un autre pays de l'UE. Les sorties du pays durant les 4 dernières années sont au niveau des pays de l'est, et elles se sont fait majoritairement (30%) vers l'Espagne, puis le Royaume-Uni et la France (28%). On appelle ça la "mobilité". Les Portugais sont "mobiles". Les causes ? Principalement économiques : ils partent à la recherche de meilleures conditions de travail et de salaire. C'est donc une longue histoire qui se répète au pays des "Découvertes" : les pauvres sont (plus ou moins) obligés de laisser leur foyer pour pouvoir l'aider.
Cela me donne l'occasion de reproduire ici un poème de Manuel Alegre, "Portugal em Paris" (avec sa traduction) et de vous faire partager un autre poème du même Alegre, "Lusiada exilado", en fichier audio cette fois, où le poète est accompagné à la guitare par Carlos Paredes.
"Portugal em Paris"
Solitário… por entre a gente eu vi o meu país. Era um perfil de sal e abril. Era um puro país azul e proletário. Anónimo passava. E era Portugal que passava por entre a gente e solitário nas ruas de Paris
Vi minha pátria derramada na Gare de Austerliz. Eram cestos e cestos pelo chão. Pedaços do meu país. Restos. Braços. Minha patria sem nada sem nada despejada nas ruas de Paris.
E o trigo ? E o mar ? Foi a terra que não te quis ou alguém que roubou as flores de abril ? Solitário por entre a gente caminhei contigo os olhos longe como o trigo e o mar. Éramos cem duzentos mil? E caminhávamos. Braços e mãos para alugar meu Portugal nas ruas de Paris.
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J’étais seul… à travers la foule, j’ai vu mon pays. Tel un profil de sel et d’avril. C’était un pays pur, bleu et prolétaire. Anonyme, il passait. Et c’était le Portugal qui passait parmi cette foule, solitaire dans les rues de Paris.
J’ai vu ma patrie répandue dans la gare d’Austerlitz. On voyait des paniers et des paniers sur le sol. Morceaux de mon pays. Lambeaux. Bras. Ma patrie dépouillée dépouillée déversée dans les rues de Paris.
Et le blé ? Et la mer ? Est-ce la terre qui t’a rejeté ou quelqu’un a-t-il volé les fleurs d’avril ? Seul parmi la foule, j’ai marché avec toi, les yeux au loin, aussi loin que le blé et la mer. Etions-nous cent deux cent mille ? Nous marchions. Bras et mains à louer, mon Portugal, dans les rues de Paris.
La blogosphère portugaise est à l'image de beaucoup d'autres dans le monde : l'attaque de Gaza par Israel y occupe une place importante. Je me fais donc l'écho de ce bouillonnement en vous incitant à lire (si vous le pouvez, c'est en portugais...) le texte suivant du journaliste portugais José Goulão, l'un des meilleurs connaisseurs du Moyen-Orient au Portugal.
"Altos responsáveis de países que se consideram faróis da «civilização» multiplicam apelos à «contenção» e ao «cessar-fogo» em Gaza, como quem procura assim cumprir uma obrigação perante o «agravamento da crise» no Médio Oriente. A hipocrisia de presidentes, ministros, diplomatas ou porta-vozes é tão óbvia como de costume, mas ainda consegue ser chocante tendo em consideração a tragédia que vitima mais de um milhão de meio de pessoas amontoadas num pequeno território inóspito aferrolhado entre Israel, o Egipto e o Mediterrâneo." [...]
Alors qu'en France la surpopulation carcérale, les conditions de vie des prisonniers, le nombre de suicides en prison font régulièrement et tristement l'actualité, j'ai cherché des données sur le Portugal. Voici donc ci-dessous ce que j'ai trouvé : pour l'année 2006, dans les prisons portugaises il y a eu 91 morts en prison dont 14 suicides et environ 3/4 des prisons étaient en surpopulation. Je disais hier que si l'on mesurait la valeur d'une société à la manière dont elle traite ses retraités, le Portugal ne serait pas à l'honneur. Pareil pour les prisonniers. Le Portugal n'est donc doublement pas à l'honneur.
"Three in four Portuguese prisons are overcrowded, with five housing more than double the recommended number of inmates. Of the country's 53 prisons, 41 are running above capacity, said the Directorate General of Prison Services. With a population of just over 10 million people, Portugal has one of Europe's highest rates of prisoner deaths. Health officials estimate the rate of tuberculosis among prisoners is 30 times higher than among the general population, DGPS said. Approximately one in 10 inmates have HIV/AIDS, while 30 percent are infected with hepatitis B or C, it said" (AFP, 2006)
"According to the Directorate General of Prison Services in May, 70 per cent of prisons were operating over their intended capacity and three of them - Portimão, Angra do Heroísmo and Guimarães - at more than double the designated number of prisoners. Overcrowding reduced the resources available for each prisoner and exacerbated poor hygiene conditions and the transmission of infectious diseases. Of a total of 91 prisoners' deaths in 2006, 74 were from illness, 14 were suicides and three were recorded as homicide. In June Minister of Justice Alberto Costa announced government plans to close 22 prisons and enlarge others, increasing total capacity from 12,000 to 14,500 places. Most of the prisons were scheduled to close over the next three years, raising concerns about the impact on conditions in remaining prisons." (Amnesty International, rapport 2007)
"Mourir, cela n'est rien Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir… Oh ! vieillir" (Jacques Brel, Vieillir)
Une étude révèle que presque 2 millions de retraités portugais (3/4 du nombre total des retraités) vivent avec moins de 400€ par mois, c'est-à-dire moins que le salaire minimum national qui plafonne allègrement aujourd'hui à 426€. Certains ont peu cotisé tout au long de leur vie (agriculteurs), d'autres ont cotisé normalement mais leurs salaires étaient si peu élevés que le montant de leur pension de retraite est faible. Si on mesurait la valeur d'une société à la manière dont elle traite ses anciens...
Pour ce début d'année 2009, un fado écrit par David Mourão-Ferreira, "Solidão", et chanté par Amalia Rodrigues. Solidão, en portugais, veut dire solitude. Un Français qui lirait ce mot y verrait, lui, peut-être, quelque chose proche de solida(rité)... Spéciale dédicace aux habitants de Gaza, à la fois bien seuls et abandonnés par les décideurs de la planète mais aussi l'objet de bien des solidarités manifestées à travers le monde réel et virtuel.
Solidão de quem tremeu A tentação do céu E dos encantos, o que o céu me deu Serei bem eu Sob este véu de pranto
Sem saber se choro algum pecado A tremer, imploro o céu fechado Triste amor, o amor de alguém Quando outro amor se tem Abandonado, e não me abandonei Por mim, ninguém Já se detém na estrada