Un texte lu sur
Delito de opinião dresse un portrait des manifestants portugais du 24 novembre qui interpelle :
il s'agirait, en résumé, d'un assemblage hétérogène et contradictoire de personnes 1/ dont l'idéal se trouve dans le passé (les syndicalistes staliniens), 2/ qui sont révoltées et ne vivent que dans le refus du présent (indignés, sans espoir et sans projet), 3/ des utopistes qui ne vivent que pour un futur radieux (révolutionnaires et autres idéologisés gauchistes). Ces 3 groupes seraient fondamentalement incompatibles, et tous seraient déconnectés de la réalité.
Je me pose alors la question : ne peut-on donc pas à la fois 1/regretter un passé moins difficile et résister le plus possible à la destruction systématique de l'espoir et des conditions de vie et de travail, 2/ être révolté par la situation présente et être indigné par la manière dont ceux qui ont le pouvoir mentent et jouent avec la vie des gens considérés comme de simples variables d'ajustements économiques, 3/ avoir pour horizon idéal une société qui ne serait pas dictée par les besoins incommensurables du porte-monnaie capitaliste mais plutôt par un respect strict de la dignité humaine et des valeurs de liberté, égalité, fraternité... ?
Aie aie aie aie...
C'est fou comme c'est facile de trouver de bonnes raisons pour se recroqueviller sur soi et essayer de se préserver du monde extérieur, de trouver de bonnes raisons de critiquer ceux qui sont contre l'ordre établi.
C'est fou comme c'est facile de dire qu'ils sont pas dans le monde réel, eux...
Pas comme nous hein !, sérieux-respectueux-et-responsables !
Le problème, c'est qu'il y a de plus en plus de "nous" sérieux-respectueux-et-responsables qui se transforment en "eux" nostalgiques et/ou indignés et/ou utopistes.
Il ne reste donc qu'à espérer que ces déçus de la démocratie-telle-qu'on-nous-la-vend-de-plus-en-plus-cher ne soient pas tentés par les sirènes fascisantes et illusoires d'un renouveau national...