samedi 28 février 2009

Buraka Som Sistema

Ils passaient à Paris le 27 février...
Buraka Som Sistema incarnent le « nouveau son » de Lisbonne. Nés de la rencontre entre les Portugais Lil’Jon et Riot et le producteur angolais Conductor. S’y ajoutent les voix des MCs Petty et Kalaf.

Leurs influences musicales sont diverses mais sont surtout tournées vers le Kuduro, une dance music apparue dans les années 90 en Angola et équivalent africain de son cousin brésilien Baile funk.

Extraits...




jeudi 26 février 2009

Une histoire de culotte

Des policiers de Braga ont retiré d'une foire aux livres les exemplaires d'un livre reproduisant en couverture le tableau de Gustave Courbet : "L'origine du monde". Il s'agissait du dernier opus de Catherine Breillat, Pornocracia. La police a affirmé avoir agi en "prévention", pour éviter les "troubles à l'ordre public", croyant avoir affaire à un livre pornographique, plutôt que par censure. Les livres ont depuis été rendus au libraire qui maintient tout de même sa plainte.



Ce qu'il y a de très intéressant dans cette histoire, voire d'amusant, c'est que ça se passe à Braga, capitale historique du catholicisme portugais avec ses dizaines d'églises. Or "braga", en espagnol, et en italien, veut dire "culotte". Et en français, on a notre bonne vieille "braguette", soit "petite culotte" en espagnol...

Qu'un tableau représentant une femme sans culotte effraye les gardiens de la loi d'une ville obstinément catholique mais placée sous le sceau linguistique de la culotte, ça valait le coup d'être signalé, non ? C'est à se demander si le nom des villes n'influe pas sur la pensée et le comportement de ses habitants : à Braga, donc, qu'on se le dise, les dames doivent porter la culotte !

mercredi 25 février 2009

lundi 23 février 2009

Chacun garde sa cuillère

Depuis 2000, la "violence domestique" est crime public au Portugal. Depuis, le nombre de plaintes augmente tous les ans, atteignant 21.907 cas pour l'année 2007. Or, selon une enquête du journal Público, seulement 2% de ces plaintes se transforment en condamnation : des presque 110.000 plaintes enregistrées depuis 2000, seules 2.252 ont abouti à une condamnation.



Sachant que la majeure partie des "violences domestiques" ne vont pas jusqu'à la phase de la plainte, on peut donc affirmer sans trop exagérer, que violenter quelqu'un à l'intérieur de sa maison au Portugal est presque légal.
On est d'ailleurs en plein dans le bon sens largement partagé par la population comme l'atteste le dicton : "em briga de marido e mulher não se mete a colher" [littéralement : dans une dispute de couple on ne met pas sa cuillère].

(Notez que je mets des guillemets à "violences domestiques", voulant par là pointer la légère incongruité existant entre les deux mots "violence" et "domestique", car quand quelque chose est domestique ou domestiqué, ça sonne un peu comme quelque chose de pas très grave, de pas très important, de pas très gênant, de "normal". Mais, comme dirait Desproges, c'est pas parce que je ferme les guillemets que je ferme ma gueule)

samedi 21 février 2009

Portugal portugais

"Des photographies comme celles de Gérard Castello Lopes qui aujourd'hui me sont tombées de la bibliothèque, toutes puissantes et belles, nous rachètent un peu de ce Portugal de papier qui n'a jamais existé.



Et elles nous révèlent un peu plus de cette époque et de ce peuple fait de gens qui "vivaient habituellement", certes, mais sans pour cela désister de chercher ses petits espaces d'indépendance et de satisfaction, où il y avait toujours de la place pour le jeu, la plaisanterie, le petit plaisir, la vie comme elle méritait d'être vécue.



Un Portugal années 50 qui ne se révélait pas que triste et à l'image publique de Salazar, où il y avait une vie par delà le silence imposé, l'exploitation et l'absence d'horizons. Un Portugal portugais qui, si nous regardons avec attention autour de nous, n'est pas mort entièrement. Peut-être est-ce lui encore qui nous fait être nous-mêmes."



Extrait d'un texte de Rui Bebiano
Traduit librement par Jorge
Texte et photos tirées de Caminhos da Memória

vendredi 20 février 2009

Chère Université, tu es finie.

"Chère Université,

Tu es finie. Et nous en avons fini. A partir de maintenant tu seras de plus en plus un prestataire de services, fonctionnant selon une logique mercantile, utilitariste, instrumentale, gérée selon des critères de productivité typiques d'une entreprise. Tu seras encore moins démocratique dans ton fonctionnement, encore plus fermée à l'inclusion des étudiants des couches sociales les moins favorisées, et encore plus bureaucratique. Tu te définiras toujours plus comme quelque chose qui n'est pas un service public, tu seras de plus en plus hostile à la pensée critique et à la créativité et, en dernière instance, tu finiras par haïr la propre idée de science, substituée par l'instrumentalisation technique à courte vue, au service de l'immédiateté, fluctuant au gré de la "demande" entrepreneuriale, des commandes gouvernementales et de la démagogie de l'offre immédiate de débouchés professionnels (qui donneront des personnes au chômage 5 années plus tard, quand leurs skills spécialisés mourront sur le marché avec leurs produits respectifs...). Ce n'est pas étonnant que ceux qui vont bien s'entendre avec toi sont un certain type de gestion et d'économie, et un certain type de sociologie. Tu es finie. Maintenant tu es autre chose, qu'ils te nomment d'une autre façon, bordel, je sais pas, direction-générale des politiques publiques et des potentiels secrétaires d'état de gouvernements socialistes, ou Société Anonyme (ou anomique ?). Tu es finie. Tu t'es éteinte avec Bologne et avec le nouveau Régime Juridique de l'Enseignement Supérieur, avec les Fondations, et, dans la recherche, avec le triomphe de la culture de l'audit. Tu seras certainement encore plus éteinte avec le nouveau Statut de la Carrière d'Enseignant de l'Enseignement Supérieur. Tu es finie, ça y est. Point.

En ce qui me concerne, tu sais, je vais continuer à donner mon maximum et mon meilleur dans mon travail avec mes étudiants, en cours et dans les orientations; je vais faire mes recherches de manière encore plus autonome et la moins financée possible; et c'est clair que je vais me joindre à des initiatives - le plus autonomes possibles, le plus possible hors de tes murs. Là, je ne perdrai pas mon enthousiasme, parce que j'aime ça, c'est comme écrire, peindre, flirter. Mais entre tes murs, maintenant d'entreprise, je ferai le minimum exigé par ma situation de salarié. C'est fini le volontariat, l'esprit associatif, coopératif, de service, de participation. Si c'est une entreprise que tu veux être, je me comporterai comme un salarié - et je n'ai aucune inclination particulière pour la "culture d'entreprise", pour l'esprit de corps, pour des bêtises comme les camps de vacances pour les employés. Ou pour le blah blah de palais ou les machismes de la carrière et du petit pouvoir. C'est terminé. Tu es finie. Nous en avons fini. Ici se séparent nos chemins. Tous mes voeux de grands bénéfices et de succès carriéristes.

Avec mes sentiments les meilleurs..."

Par Miguel Vale de Almeida

Traduit librement par Jorge, tiré de Jugular

mardi 17 février 2009

Extrait du jour #3 | Guerra Junqueiro | Patrie



C'était à la fin du 19è siècle, Guerra Junqueiro (1850-1923), haut-fonctionnaire, député, journaliste et poète le plus populaire de son temps, fut un des grands pourfendeurs de la monarchie et milita pour l'implantation de la République.

En 1896, il dressait, déjà..., un tableau peu glorieux de la société portugaise :

"Un peuple abruti et résigné, humble et morose, fataliste et somnambule, bête de charge, supportant coups de bâton, sacs de honte, brassées de misères, sans aucune rébellion ou grognement, ni même l'énergie d'une ruade, car déjà incapable de secouer les mouches avec les oreilles.

Un peuple en catalepsie ambulante, ne se rappelant ni d'où il vient, ni où il est, ni vers où il va ; un peuple, enfin, que j'adore, parce qu'il souffre et est bon, et garde encore dans la nuit de son inconscience comme une étincelle mystérieuse de l'âme nationale, reflet d'un astre au silence sombre de lac mort.

Une bourgeoisie, civiquement et politiquement corrompue jusqu'à la moelle, ne sachant plus différencier le bien du mal, sans mots, sans honte, sans caractère (...).

Deux partis sans idées, sans plans, sans convictions, incapables, vivant tous deux du même utilitarisme sceptique et perverti, analogues dans leur discours, identiques dans leurs actes, égaux l'un et l'autre comme deux moitiés du même zéro (...).
"

Guerra Junqueiro, "Pátria", 1896.

Traduit librement par Jorge

dimanche 15 février 2009

Les gens des baraques



C'était en 1970 : Robert Bozzi filmait les bidonvilles aux portes de Paris. Les taudis envahissaient des terrains vagues - sans confort ni hygiène - au fur à mesure que les immigrés, pour la plupart portugais, affluaient vers la capitale. En 2005, décidé à retrouver quelques gens des baraques et à retracer leur parcours, Robert Bozzi se lance dans une quête du passé et se penche sur la question de l'immigration portugaise en France.




Photos du film
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vendredi 13 février 2009

Récession en hiver, espionnage au printemps ?

Au Portugal aussi.
Les chiffres sont pires que prévu : chute de 2% du PIB lors du dernier trimestre 2008, ce qui, pour l'année 2008, fait de l'économie portugaise, comme on dit, une économie en "récession".
Traduction ?
Les Portugais vont en prendre plein les dents, déjà que la situation est pas terrible...
Vont-ils alors se transformer en agents spéciaux de la misère, spécialistes du camouflage et de l'invisibilité en état d'abandon extrême ? Pour le bien et la défense de la patrie bien sûr...



Image tirée de Anovis Anophelis

mercredi 11 février 2009

SIM !

Anniversaire : le 11 février 2007, le OUI a gagné le référendum sur l'Interruption volontaire de grossesse.
C'est agréable de parler de choses bien faites au Portugal...



Photo tirée de Entre as brumas da memoria

mardi 10 février 2009

Dernière station avant l'autoroute

Dernière station avant l'autoroute (1997) : c'est le premier polar que je lis de Hugues Pagan. Je vous le conseille. Pas gai, non, le genre humain en prend pour son grade, la vie et toutes ses contradictions, ses coups-bas et autres lâchetés accumulées au fil du temps, mais quand même, c'est le commissaire, le "héros" qui est désenchanté, et on sent qu'il y a malgré tout des petits espaces où l'espoir peut se glisser. Si, si... En cherchant bien, derrière l'ironie du narrateur/"héros", il y a des trainées d'idéal qui luttent encore pour exister, même si dans ce cas elles savent qu'elles ont perdu d'avance. Quoique...



Et quand on sait que l'auteur a fait des études de philo (une thèse sur Heidegger) avant de s'engager dans la police criminelle qu'il a depuis quittée, ça interpelle quelque peu.

L'extrait qui suit n'est pas forcément représentatif du comment il est bien ce livre, mais il traite, en passant, de l'objet de ce blog, les Portugals :

"Elle a servi avec un sourire crispé, mais pas forcément mécontent. Elle a remis un tour à Monseigneur. Elle est repartie s'occuper des soutiers à l'autre bout du comptoir. Toute une petite population d'esclaves. Des manards, un plâtrier, deux électros, des portugais, un ou deux biques, le Fennec pour faire bonne mesure. Des gentils tous, dans le fond, même si je ne suis jamais rentré dans leurs petites histoires, sauf un peu dans celle du Fennec."

samedi 7 février 2009

Résister à la bêtise !

Certains, dont votre serviteur, pensent que l'éducation est l'outil principal à la disposition d'un pays pour construire un futur où l'intelligence critique guiderait un peu plus les décisions et les actes des gens, participant ainsi à la construction d'une société où on vivrait mieux ensemble.
Or, l'éducation publique est livrée peu à peu aux intérêts privés, où ce qui compte est "l'efficacité", le rendement et le fric. Au Portugal ou en France.
Il est donc plus qu'important, vital, de résister aux "réformes" actuelles dans l'éducation, du primaire au supérieur.

Je vous livre donc la conclusion d'un article de Vincent Jouve, enseignant-chercheur en littérature, article où il détruit 3 faux arguments portés contre le mouvement de grève des enseignants-chercheurs :

"La protestation des universitaires était à l’origine un mouvement catégoriel fondé sur une indignation légitime mais qui, a priori, ne concernait que le monde des enseignants-chercheurs. Le mépris affiché par le gouvernement et les provocations incessantes du président de la république sont en train d’en transformer la nature. L’accumulation de déclarations mensongères, s’ajoutant à la logique d’un décret présentant l’enseignement comme une punition, fait du mouvement des universitaires bien plus qu’un combat catégoriel: une résistance à la vulgarité, à la démagogie et, pour tout dire, à la bêtise."

vendredi 6 février 2009

Freeport et le ministre : petits arrangements entre amis ?

Depuis quelques semaines maintenant, l’affaire Freeport fait la une de nombreux journaux et blogs portugais. Et le nom de l’actuel Premier ministre José Socrates y est associé.



Les faits remontent à 2002.
Le groupe britannique Freeport obtient le feu vert pour construire un grand complexe commercial au sud de Lisbonne, à Alcochete. Le permis de construction, initialement refusé, car ne respectant pas les accords environnementaux existants entre le Portugal et l’Union européenne, est finalement accordé après la modification de la Zone de Protection Spéciale de l'Estuaire du Tage (ZPET), établie par un décret-loi, trois jours avant les élections législatives de 2002, perdues par la gauche.
Des rumeurs insistantes évoquent le versement de pots-de-vin en échange des autorisations. La justice britannique mène l’enquête.
A l‘époque, en 2002, José Socrates était ministre de l’environnement...

mercredi 4 février 2009

Pauvres vieux

J'avais déjà évoqué la situation très enviable des retraités portugais en ce qui concerne leurs pensions de retraite.
Or, il n'y a pas que leur situation financière qui est privilégiée : la manière dont ils sont traités dans les "maisons pour vieux" est également choquante, ce n'est pas normal qu'ils bénéficient d'un traitement si particulier ! Les gouvernants, les députés, les familles ne devraient pas se laisser faire comme ça !



Des détails ?
Selon une enquête de l'association DECO, une association de défense des consommateurs, 4 maisons de retraites de la région de Lisbonne devraient être fermées car elles mettent en péril la vie de leurs pensionnaires. Sur les 28 structures visitées dans la région de Lisbonne et de Porto, 1 seule a obtenu la note "bien", et 6 la note "moyen". Les autres...
Je vous l'avais bien dit, ça ne devrait pas exister des situations comme ça, n'est-ce pas ?

lundi 2 février 2009

Roth, Charyn et les marranes

Une amie, quand je lui demandai de me prêter un livre pour les dernières vacances de Noël, me tendit La contrevie de Philippe Roth. J'ai compris en le lisant que l'écrivain était juif, je n'avais pas fait attention. Pas assez de connaissances sur le monde juif pour en reconnaître les signaux ? Trop distrait ? Pas d'importance donnée à la judaïté des noms ? En tout cas, maintenant je sais : Roth !



J'ai donc lu ce super livre, si si, Roth est fort, très très fort, deux frères, deux vies qui se mélangent, s'échangent, ça donne plusieurs histoires pour un seul livre, on sait pas trop qui est le narrateur, quand est-ce que ça se passe, ce qui est la "vraie" histoire qu'on nous raconte, ou si elles le sont toutes, et là on est mal, car toutes ces histoires ont le même degré de vérité, celui de la fiction donc, pas de hiérarchie, du coup on cherche plus à être dans la "vraie" histoire, on se laisse trimballer par l'auteur, et me voilà découvrant le monde des juifs, celui de ceux qui vivent en dehors d'Israel, et celui de ceux qui vivent dedans. C'est pas le même...
Du coup j
'ai enchaîné avec un autre livre de Philippe Roth, Patrimoine. Et là, c'est superbement autobiographique : on lit le combat du père de l'auteur contre le cancer qui le tue finalement. Et je me laisse entraîner (il est fort ce Roth !) une fois de plus dans le monde des juifs américains. Bon.
Tout ça sur fond de massacre des habitants de Gaza par Israel (rappelez-vous, on n'en parle plus maintenant, mais ça a existé, il n'y a pas si longtemps...)

Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Quel est le lien avec le Portugal ?
J'y viens.
Puis j'ai eu envie de polar, ça m'arrive régulièrement, le dernier plongeon je l'avais fait avec Jo Nesbö (j'attends la publication en poche de son dernier ou l'arrivée du grand format à la bibliothèque municipale...), envie de polar donc, et je lis Marylin la Dingue de Jérôme Charyn, choisi au hasard rayon polars.



Et pan, le "héros", Isaac Sidel est juif, son inspecteur préféré, Zyeux Bleus, aussi, et me revoilà chez les juifs américains. Pas prévu non plus, que Charyn soit juif ! (oui je sais, je vais apprendre à force). J'adore le bouquin. J'avale donc le deuxième volet de la série (Zyeux Bleus).
Quel est le lien ?
On y est :
Charyn et ses histoires de flics et de largués de tous bords à New York (on s'ennuie pas, attention, on sourit souvent), dans le milieu juif américain donc, eh bah voilà-t-il pas que certains de ses juifs sont des descendants de juifs portugais ? Descendants des marranes (a), ou marranes (b), ou marranes (c), c'est-à-dire des juifs "convertis" par feu les Inquisiteurs portugais au nom de la sainte religion catholique au XVIè siècle. Ces descendants de marranes, donc, la famille Guzmann dans le livre (inoubliables Jeronimo, Mordechai, Jorge, Moises, Cesar...), conservent plus ou moins les coutumes de leurs ancêtres, en les saupoudrant d'autres influences.
Le voilà le lien. Il y a un certain nombre de descendants de
juifs portugais aux USA.
Vous le saviez ?